Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cloudflakes
4 janvier 2009

Jean-Louis Fournier - Où on va, papa ?

33__toiles



ou_on_vaLe souffle coupé. On a d'abord le souffle coupé devant ce court récit où tant de tragédie se mêle à tant de drôlerie, tant de malheur, d'horreur à tant d'amour, de douceur. Jean-Louis Fournier a eu coup sur coup deux garçons handicapés à 80 %, voyant mal, entendant mal, parlant à peine, le corps inerte et mou, la tête « pleine de paille », dit-il simplement. Et le père effondré par tant d'espérances déçues, tant de douleurs peu à peu assumées, conte sans complaisance - juste avec cet humour désespéré et absurde qu'il a partagé avec son vieux complice Pierre Desproges - des bribes du quotidien de Mathieu, et de Thomas, le petit dernier qui ne sait que sans fin répéter : « Où on va, papa ? » Bien sûr, effrayé par tant de détresse, presque voyeur, on aimerait en savoir davantage. Plus de détails encore sur les deux pauvres garçons ; sur leur mère, qui a choisi soudain de les quitter ; sur leur petite soeur, Marie, elle tout à fait normale... Mais Jean-Louis Fournier refuse de tirer sur les ficelles du mélodrame. Il compose ses courtes scènes comme autant de poèmes en prose. Avec hauteur et proximité à la fois, tendresse et cruauté. Et l'on sort exsangue et émerveillé par la violence de son témoignage, sorte de prière laïque à la difficulté d'être au monde, ou de « tombeau » plus littéraire, plus classique, à toutes les victimes innocentes. On n'oubliera plus jamais Mathieu et Thomas.

Fabienne Pascaud, Telerama, octobre 2008

Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
Publicité