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Cloudflakes
12 juillet 2008

Jean-Christophe Rufin - Un léopard sur la garrot

33__toilesMédecin, pionnier de l’humanitaire « sans frontières », écrivain – il a obtenu le Goncourt 2001 avec « Rouge Brésil » - Jean-Christophe Rufin est aujourd’hui ambassadeur de France au Sénégal. Il raconte son étonnant parcours dans « Un léopard sur le garrot ».

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Il est médecin ET écrivain. Comme Céline, Boulgakov, Martin Winckler. Ou plutôt comme Segalen, Georges Duhamel, « le grand Rabelais ». La médecine est le véritable sujet de ce livre - « la vie, ma vie, toute la vie » - même si aujourd'hui, Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal, porte un complet de lin et des mocassins Tod's dans son vaste palais blanc dont il est le « prisonnier » plus que le « maître ». Même s'il n'use plus du stéthoscope.


Quand Rufin raconte sa vie, il se livre, se met à nu, fend l’armure. Il ne se hausse pas du col, sait rire de lui, de ses errements, reconnaît ses erreurs. Privé de son père, il a été élevé dans le culte de son grand-père médecin (la médecine, « mélange d’art, de sacerdoce et de magie »). Il a connu l’époque où les traitements étaient presque pires que les maux qu’ils étaient censés traiter. Celle des pionniers de la chirurgie cardiaque. Celle où l’on conservait, sur les rayonnages de la Salpêtrière, la tête de l’anarchiste Ravachol flottant dans du formol… Celle des mandarins hautains pérorant dans les hôpitaux. Rufin a découvert l’Afrique en convoyant des 404 épuisées vers le Niger et il a compris là qu’il souhaitait consacrer sa vie à l’homme dans son ensemble et non à des morceaux d’humain, des organes isolés. MSF balbutiait, il fut de ceux qui destituèrent Bernard Kouchner. De l’action humanitaire, il dit, lucide, qu’elle est « une guerre de clans, un domaine hautement politique ».

Les voyages ont donné à ce nomade marginal le goût de l’écriture, le succès de « L’Abyssin » puis de « Rouge Brésil » lui a donné « liberté d’être ». Vivre de sa plume ? Il n’a pas cédé à cette tentation. Dans son palais, sur la corniche de Dakar, il est toujours surpris qu’on l’appelle « Excellence », et si, plus tard, il rencontre son grand-père « dans ces Champs Elysées où chemine l’âme des morts », c’est avec la fierté du chemin parcouru qu’il lui dira, au présent : « Moi aussi, je suis médecin ».

Philippe Brassart, la Dépêche du Midi.

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