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Cloudflakes
18 février 2009

Le photographe - Guibert, Lefèvre, Lemercier

33__toiles



Le_Photographe


Vingt ans après les faits, il s’agit d’une deuxième vie donnée à l’immense travail du jeune photographe Didier Lefèvre, parti en décembre 1986 pour un reportage en Afghanistan sur Médecins sans Frontières (MSF). Le pays était alors encore sous occupation soviétique : Mikhaïl Gorbachoff ne déciderait de rapatrier ses troupes du bourbier afghan qu’un peu plus tard, pour terminer avec la guerre larvée entre les troupes du régime de Kaboul soutenu et armé par Moscou, et les moudjahidin équipés par les Etats-Unis : voilà pour l’environnement historique et politique. A noter aussi que le caractère montagneux et l’immensité des paysages de cette nation enclavée sont particulièrement mis en valeur par la riche iconographie, argentique et crayonnée, qui rappelle parfois les voyages de Tintin reporter à qui une case fait explicitement allusion.

Mais la guerre n’est qu’en arrière-fond : le scénario privilégie la vie des Afghans avec de beaux portraits des personnages rencontrés à travers tout un périple à l’est du pays, sans oublier la vie et l’activité des « French Doctors », débordants d’ingéniosité dans l’exercice de la médecine clinique. Le texte fourmille d’anecdotes sociales et culturelles, les remarques sur les us et coutumes locales alternant avec les comportements des Français sur place : le photographe et le personnel de MSF expriment avec un grand naturel leurs émotions, pensées, et parfois aussi leurs découragements et sautes d’humeur, souvent avec humour, humilité ou esprit d’autodérision. De nombreuses blagues égayent ici et là l’atmosphère grave de l’urgence humanitaire. Les animaux sont également présents, essentiellement comme bêtes de transport.

De la centaine de pellicules N&B rapportées, seules six photographies furent en leur temps publiées par les media. Les auteurs en ont repris plus d’un millier, reproduites dans tous les formats possibles, de la planche contact à la photo pleine page ; la majorité des images sont de la taille des cases d’une planche BD, mais en registres ( bandes ) eux-mêmes en nombre et hauteur variables. Le schématisme du dessin rend un étonnant hommage à la photographie : les cases dessinées servent de raccords aux planches de photographies et aux photos insérées à la BD. Les visages sont expressifs et on peut saluer que pareil minimalisme rende aussi bien quantités de détails. Les tons gris et kaki respectent l’ambiance de la photographie, qui signe ici un rare exemple réussi de mélange de genres. Si la trilogie forme un tout, chaque tome constitue un épisode cohérent.

artslivres.com

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